Les seniors et le monde du travail, un enjeu majeur
Les seniors au placard ?
Les seniors ont-ils encore une place dans l’entreprise en 2023 ?
Une question centrale et incontestablement un enjeu majeur pour les entreprises, alors que le grand paradoxe social et économique s’intensifie. Le recul progressif à 64 ans de l’âge légal de départ à la retraite a été acté en France (à raison de 3 mois par an à compter du 1er septembre 2023), accompagné qui plus est d’une accélération de l’allongement de la durée de cotisation (dès 2027, il faudra justifier de plus de trimestres avec 43 ans de cotisation). Et pourtant, alors que la plupart des générations sont impactées par cette réforme prolongeant le temps de travail, les seniors, premiers à subir de plein fouet cette réforme, sont de plus en plus exclus d’un marché, qui ne perçoit pas ou peu leurs valeurs ajoutées.
Un paradoxe qui s’installe assez tôt, puisqu’on constate qu’ils sont déjà nombreux dès 50 ans à se sentir écartés du marché du travail.
Alors à quel âge est-on désormais considéré comme senior ? À quelles difficultés de recrutement sont soumis les seniors ? La séniorité est-elle un critère de discrimination au travail ? Ou en résonance avec une population vieillissante, une évolution des états d’esprit, et une réforme des retraites qui est loin de satisfaire les Français, la situation est-elle en train de muter ? Repousser l’âge de la retraite, ok, mais le monde du travail actuel est-il vraiment prêt à laisser les seniors travailler plus longtemps, et si oui à quel prix ?
Alors que la question de l’employabilité des séniors se pose incontestablement bien avant leur départ à la retraite, l’annuaire QVT, réseau d’acteurs en France engagés dans l’amélioration de la QVT au travail, vous invite dans ce billet blog à nous intéresser à ce sujet sociétal et économique majeur. Un sujet qui questionne et bouscule véritablement au cœur d’un monde du travail pourtant en pleine mutation.
La séniorité ok, mais à quel âge considère-t-on que l’on est senior en entreprise?
Bien entendu il n’existe pas de définition universelle qui pose une règle à partir de laquelle une personne entre dans la case du travailleur dit « sénior ». Selon les cultures, les pays mais aussi les organisations, les chiffres varient, tout autant que les perceptions. D’une façon globale, le terme sénior semble être utilisé pour évoquer les travailleurs de plus de 50 ans.
Mais à quel âge est-on vraiment considéré comme un senior dans le monde de l’entreprise ? Les statistiques pointent quant à elles le chiffre de 45 ans.
Une donnée qui glace un peu le sang quand on imagine le nombre d’années qu’il reste à effectuer à un quadra – au regard de la législation – dans l’univers du travail. D’autant qu’à 45 ans beaucoup ont acquis une expérience significative et s’avèrent de réels leviers de performance pour l’entreprise.
Et pourtant les travailleurs entre 45/50 ans semblent déjà confrontés à des difficultés de recrutement, de positionnement et de valeurs au sein des organisations.
Une étude de APEC-Pôle emploi pointe en effet que « 49% des cadres séniors demandeurs d’emploi ont déjà connu le chômage de longue durée au cours de leur carrière » et qu’ils subissent une durée de chômage après 55 ans beaucoup plus longue que le reste des demandeurs d’emploi (771 jours contre 349 environ). Oui c’est un fait avéré et constaté au sein du monde du travail, il ne fait pas bon vieillir, et la valeur des seniors ne semble pas être mesurée de façon juste.
L’actualité nous le rappelle, la place des seniors dans l’entreprise est un enjeu !
En France, selon les données de l’Eurostat seulement 59,7 % des personnes entre 55 et 64 ans sont en activité (alors que dans l’Union Européenne, le chiffre est relevé à 60,5 % en moyenne). Le rapport du Dare d’avril 2022 pointe quant à lui une employabilité des 60 à 64 ans de seulement 35,5%. Au cours d’un échange avec Christophe Laire de My happy Compagny (recommandé par le Great Place to work France, fondée en 2002) – dont la raison d’être est d’accompagner les travailleurs seniors d’organisations vers une fin de carrière plus confortable et empreinte de sens – sur ce sujet capital de la place des seniors au cœur du monde du travail, nous avons retenu des chiffres tout aussi significatifs et éclairants. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes :
45% des ruptures de contrats auprès des séniors sont faites par les employeurs,
En 2022, 56% des demandeurs d’emploi sont séniors,
84% des responsables interrogés expriment avoir des problèmes avec le sujet de la séniorité
Selon Great Place to Work®, la séniorité est véritablement le premier critère de discrimination au travail (et ce bien loin devant les autres). Pour rappel le Great Place to Work est la référence mondiale en matière d’expérience collaborateur. Elle propose une méthodologie visant à aider les organisations à construire un environnement de travail inclusif, à piloter leur stratégie RH tout en améliorant leur performance. Elle distingue par sa certification les organisations où il fait bon travailler, et publie chaque année son Palmarès Best Workplaces™.
Certains stéréotypes et préjugés semblent en effet avoir la peau dure dans le monde du travail. Les idées reçues sont légions et parmi les plus fréquentes on retrouve celles selon lesquelles : les seniors occuperaient l’emploi des plus jeunes, qu’un certain déclin de l’efficience et de la productivité est observé avec l’âge, que les seniors sont moins enclines à s’adapter aux changements, aux nouvelles technologies et méthodes de travail, qu’ils ont plus de difficulté à s’intégrer… Autant de croyances limitantes et dogmes qui font que les plus de 55 ans sont victimes de discriminations à l’embauche, comme dans leur emploi.
L’étude de l’Apec Rhône-Alpes de janvier 2022, précédemment évoquée, souligne d’ailleurs que l’entrée au chômage de plus de 80 % des cadres seniors, est la résultante d’une rupture de contrat par l’employeur. Précisant par ailleurs que la période de chômage des 55 ans serait deux fois plus importante que pour les autres catégories de demandeurs d’emploi, car comme nous l’avons souligné, ils éprouvent davantage de difficultés à (re)trouver un poste. Les discriminations des recruteurs liées à l’âge, en sont les causes directes selon cette enquête.
Les seniors un capital humain de valeur
Les indicateurs sur l’employabilité des séniors soulignant la discrimination faites aux « plus anciens » au sein du monde du travail, deviennent bien plus que des données statistiques, mais consolide un fait sociétal et économique avéré en France. Et pourtant les seniors ont une bel et bien une réelle valeur ajoutée dans le monde professionnel, offrant l’opportunité aux entreprises qui leur font confiance de :
Capitaliser sur leurs compétences et leurs précieux savoir-faire acquis,
Bénéficier de la qualité de la transmission de leurs savoir aux générations plus jeunes.
En résumé, il est urgent que le monde des entreprises change son regard sur nos aînés, pour leur donner accès à une meilleure employabilité et bien entendu ne pas exclure tout autant ceux qui souhaitent rester actifs par choix, ou par nécessité (au regard de l’actualisation de la loi retraite qui repousse l’âge du taux plein à 67 ans).
D’autant que les seniors subissant préjugés et mise au placard fréquentes ne semblent pas être, selon les chiffres de Great Place to Work, les travailleurs qui parlent le mieux de leur entreprise. Malmenant par effet non vertueux la marque employeur. Une nouvelle façon d’envisager l’emploi des seniors au cœur des organisations serait bénéfique sur bien des points aux entreprises comme pour les travailleurs. Les actions visant l’amélioration de la QVT au travail se tournent de plus en plus vers la prévention et l’accompagnement de ce capital humain d’une grande valeur au cœur des entreprises.
Vous souhaitez en savoir plus ou échanger sur ce sujet crucial au cœur de la QVT au travail ? Vous envisagez de nous rejoindre ?
Nous nous engageons au quotidien auprès de ceux qui agissent pour l’amélioration de la QVT au travail, contactez-nous !